L’adoption de logiciels de surveillance à distance dégrade de 5 % l’expérience des employés au travail. 

En octobre 2020, près d’un salarié européen sur trois a déclaré que son employeur utilisait un logiciel pour surveiller sa productivité lorsqu’il travaille à domicile. Aujourd’hui, alors que les entreprises lancent de nouvelles politiques de travail flexible, les logiciels qui permettent aux employeurs de suivre la productivité des employés gagnent en popularité dans le monde entier. Les entreprises qui choisissent de déployer cette technologie doivent aussi se préparer à gérer certaines de ses conséquences au cours des 12 prochains mois. 

Les régulateurs de la protection de la vie privée mettent actuellement des mesures en place et en mettront d’autres en 2022. 

D’après le suivi de l’application du RGPD, les amendes et les pénalités pour violation de la vie privée des employés figurent dans les 5 sanctions les plus élevées en valeur. Sur les dix amendes les plus élevées infligées à ce jour, deux ont été motivées par la violation de la vie privée des employés. Les régulateurs enquêtent actuellement sur diverses méthodes de surveillance des employés. Dans le cas de l’enseigne H&M, le régulateur a constaté que cet employeur avait systématiquement constitué et conservé des dossiers excessifs sur la vie personnelle et professionnelle de ses collaborateurs. Pour notebooksbilliger.de, le régulateur a conclu que l’entreprise a enregistré des vidéos de ses employés pendant une période prolongée et sans la base juridique appropriée. Et chez IKEA France, l’ancien PDG de l’entreprise a été condamné à une peine de prison de deux ans avec sursis dans le cadre de l’enquête menée contre la marque pour activités excessives et illégales de collecte de données et de surveillance du personnel. Désormais, les régulateurs ont intégré le fait que les dispositifs de surveillance à distance sont la nouvelle méthode de suivi des employés. 

Les employés subiront un déficit de confiance croissant et seront de plus en plus inquiets.

Le mécontentement des employés augmentera au fur et à mesure que les employeurs tenteront de surveiller la fréquence de leurs activités, ce sur quoi ils cliquent et les heures d’utilisation des ordinateurs. Sous-estimer l’opinion des employés sur la protection de leur vie privée est une erreur. Concernant le partage des données personnelles, nos enquêtes indiquent que plus de 40 % des employés au Royaume-Uni, en France et en Allemagne acceptent facilement de partager avec leur employeur uniquement le minimum requis par la loi. En France, un pourcentage identique de salariés interrogés exprime une véritable inquiétude face à la collecte excessive d’informations personnelles par les employeurs. En outre, 57 % des salariés français, 46 % des salariés britanniques et 44 % des salariés allemands souhaiteraient bénéficier d’une meilleure protection de la vie privée au travail. Enfin, lorsqu’un employeur a abusé de leur confiance, les employés ont déclaré qu’ils se sont sentis trahis et bouleversés. 

L’adoption de logiciels de surveillance à distance dégradera l’expérience et la productivité des employés ainsi que la sécurité. 

Les sentiments de trahison et de méfiance auront un impact négatif sur la loyauté, l’engagement et l’expérience des employés au travail. Bien que ce risque soit énorme, il n’est pas le seul pour les entreprises. Sans une communication adéquate et des approches transparentes, le sentiment négatif des employés pourrait également s’étendre à d’autres formes de contrôle de la main-d’œuvre qui n’ont rien à voir avec la surveillance à distance, comme les programmes de lutte contre les menaces internes, par exemple. Généralement gérés par les équipes de sécurité pour empêcher l’exfiltration de données sensibles, et souvent liés à des erreurs d’employés bien intentionnés, ces programmes deviendront plus difficiles à justifier et à adopter. Forrester prévoit qu’en réponse à une surveillance réglementaire accrue et à des réactions plus intenses des employés face à ce type de surveillance, les responsables de la sécurité des informations réduiront la portée de leurs programmes de lutte contre les menaces internes, ce qui ne manquera de générer des résultats néfastes. Par conséquent, les risques de délits d’initiés et de vol de données augmenteront.  

 Les professionnels de la protection de la vie privée, de confidentialité, de la sécurité et des relations extérieures doivent agir dès maintenant pour éviter les répercussions sur les entreprises.

Les responsables de la protection de la confidentialité et de la vie privée, RSSI, RH et DSI, doivent unir leurs forces pour s’assurer que leurs programmes de surveillance à distance du personnel ne nuisent pas à l’entreprise ni à la productivité ou à l’engagement du personnel. Ils doivent renforcer la gouvernance des opérations de surveillance à distance, mettre en place une communication claire et transparente avec les employés, choisir des approches qui ne doivent jamais être excessives ni disproportionnées, et s’assurer que la base juridique adéquate est en place avant de déployer toute technologie de surveillance à distance. Ils doivent également s’efforcer d’éduquer leur personnel pour faire comprendre les avantages du programme et les limites mises en place pour éviter la collecte, le traitement et le partage disproportionnés des données personnelles des employés. 

 

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